Les Porte-drapeaux
(©Christian Devos)
Comme toutes les compagnies d’Entre-Sambre-et-Meuse, la Marche de Daussois possède ses étendards. Outre les fanions des différents pelotons, la Compagnie de la cité des Malots dispose de trois drapeaux.
Le drapeau de la Jeunesse
Le plus ancien est celui de la Jeunesse. Il a été confectionné au XIXe siècle mais l’année précise de sa réalisation nous est encore inconnue à l’heure actuelle, faute d’une quelconque date brodée sur celui-ci ou d’un document évoquant sa création tel qu’un article d’un journal local ou un livre de compte qui pourrait donné l’année de son achat. Certains pensent qu’il date de la fin des années 1820, tandis que d’autres émettent l’hypothèse qu’il s’agit d’une réalisation de la deuxième moitié du XIXe siècle en raison du développement à cette époque de drapeaux de Jeunesse de modèles identiques à différents endroits de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Le drapeau de Notre-Dame du Mont Carmel
Le deuxième, inconnu de la jeune génération de Marcheurs car cela fait plusieurs années qu’il ne sort plus en raison de sa grande fragilité, est dédié à Notre-Dame du Mont Carmel. De mémoire de Malot, il n’est sorti officiellement qu’une vingtaine d’année. Pourquoi « officiellement » ? Ce n’est qu’en 1971 que des sœurs Carmélites de Matagne, chargées de la restauration des (deux) drapeaux, redécouvrent le troisième cousu derrière celui de la Jeunesse[1] : il sortait donc effectivement chaque année, mais à l’insu des Marcheurs de Daussois. Le coup de jeune apporté aux étendards a été permis grâce à la générosité des habitants de Daussois et des villages environnants. Cependant, la collecte de dons n’était prévue que pour les bannières connues de tous : la découverte d’une troisième étant inattendue, aucun franc n’avait été envisagé pour sa réfection. Grâce à l’intervention financière de madame Dardenne, le « nouvel » étendard a été réparer au strict minimum[2] et équiper d’une hampe afin qu’il puisse effectuer les sorties de la Trinité et du Saint-Sacrement. Au moment de découdre les deux drapeaux, les Sœurs mettent également au jour une coupure de journal de 1892 dont le sujet de l’article reste inconnu car elle n’a pas été restituée au comité de la Marche. Nous pouvons donc penser que les bannières de la Jeunesse et de Notre-Dame du Mont Carmel datent au minimum de 1892, mais rien n’est moins sûr.
Il est probable que la face du drapeau dédié à Notre-Dame du Mont Carmel ne servait qu’à deux occasions. La première est l’enterrement d’une jeune fille du village. Il faut savoir qu’au XIXe siècle, la Jeunesse n’était composée uniquement que de garçons célibataires. La Jeunesse de Daussois, comme il a été dit précédemment, c’est dotée d’un drapeau dans le courant du XIXe siècle[3]. Il était utilisé entre autres, à partir du moment où la Jeunesse ait été confronté à pareille situation, lors des funérailles d’un jeune homme décédé, tant qu’elles se déroulent à Daussois. Dans le cas du décès d’une jeune fille du village, on sortait également le drapeau mais sans présenter la face consacrée à la Jeunesse, étant donné que cette dernière était une exclusivité masculine. Il suffisait alors de retourner la bannière de la Jeunesse afin d’exposé le côté consacré à Notre-Dame du Mont Carmel. Bref, le même drapeau était présent pour accompagner les jeunes Malots à leur dernière demeure, mais la face changeait en fonction du sexe du défunt.
La seconde occasion est la procession du 15 août.
En 1945. René Leclercq (porte-drapeau de la Marche) avec Octave Jonniaux à sa droite. (© Michel Lecomte)
Départ du Calvaire le matin de la Trinité 1979 pour le drapeau de la Marche, escorté de jeunes officiers « sous le drapeau ». Ceux-ci constituaient la relève de la Compagnie. À Daussois, comme dans d’autres Marches d’Entre-Sambre-et-Meuse, le drapeau de la compagnie faisait office de « Jeune Garde » (compagnie de Jeunes). L’officier porte-drapeau était chargé d’apprendre à « Marcher » aux jeunes recrues : marcher en ligne, au pas, à saluer, à boire la goutte. (© Michel Lecomte)
Daniel Bayet portant le drapeau de la Marche (Saint-Sacrement 2003) (© Michel Lecomte)
[1] Nous pouvons conclure qu’à cette époque le drapeau de la Jeunesse n’était pas démonté pour être remisé et n’avait pas été retourné depuis de nombreuses années afin de présenter sa face cachée. C’est ainsi que les générations postérieures à la création du drapeau de la Jeunesse ne pouvait connaître l’existence d’une bannière dédicacée à Notre-Dame du Mont Carmel et donc soupçonner que la doublure du drapeau de la Jeunesse constituait un étendard à part entière.
[2] Cette réparation sommaire explique le fait que le drapeau n’est plus en état de sortir à l’heure actuelle.
[3] Soit payé par la Jeunesse sur fond propre (ou par une souscription publique), soit payé par la commune (ou la mairie, en fonction de l’époque de fabrication de l’étendard) de Daussois, les deux faces de l’étendard et qu’il n’y ait donc pas une hégémonie masculine au drapeau.